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TransFiguring

Théâtre, danse, animations pour les enfants, lectures... le programme est riche. Retrouvez ici les dates à ne pas manquer. 

TRANSFIGURING
Au-delà de la Photographie

Si la photographie ne pose guère de difficultés de définition en tant que médium, il n’en est pas de même lorsqu’il s’agit de la définir en tant qu’art. À tel point que, quoique inventée plusieurs décennies avant le cinéma, elle n’est considérée que comme le huitième Art, et encore, en compagnie de la télévision et de la radio. C’est dire si la nature artistique de la photographie est problématique et, à bien des égards, le demeure deux cents ans après son invention.

Reposant sur la technique de la camera obscura connue depuis Léonard de Vinci, la photographie ne pouvait qu’entretenir un lien fort avec la peinture. Un lien conflictuel aussi. D’abord considérée sous l’angle de l’imitation mécanique, accusée par Walter Benjamin de ne pas posséder l’aura propre à la véritable œuvre d’art du fait de sa nature reproductible, la photographie a été vue à partir de la fin des années 1960 comme la fossoyeuse de la notion d’art elle-même, dénuée d’autonomie et contaminant le reste de l’art contemporain avec sa pauvreté technique, sa neutralité sémantique et le doute qu’elle véhicule quant à la possibilité même de créer de l’art après les expériences dans le conceptuel, la performance et le post-modernisme auxquelles elle a pris une large part.

Tout au long de son histoire donc, la photographie a posé problème pour trouver sa place dans le monde de l’art. Mais si, à ses débuts, elle pouvait être considérée comme une espèce d’auxiliaire sans qualités autres que techniques pouvant décharger la peinture de sa fonction de représentation fidèle de la réalité, notamment dans le portrait et le compte-rendu de la révolution industrielle et urbaine alors en cours, les choses n’en sont pas restées là. Malgré la hiérarchie initiale consacrant la primauté de la peinture sur la photographie, celle-ci n’a cessé depuis d’influencer celle-là de par les nouveautés visuelles qu’elle contenait : cadrage, vitesse, mouvement et agencement des plans sont devenus autant d’approches communes et d’emprunts croisés qui consacrent les liens entre les deux pratiques.
Dans un paysage artistique bousculé de longue date, le mouvement Transfiguring constitue un îlot de résistance face à la perte de sens et au discrédit qui affectent les beaux-arts en général, la peinture et la photographie en particulier. Ce groupe de 13 artistes, fondé en 2014, a la particularité de compter dans ses rangs de nombreux peintres qui se sont convertis à la photographie, mais aussi des photographes qui utilisent la peinture ou d’autres éléments plastiques dans la réalisation de leurs œuvres. Si les techniques utilisées varient considérablement d’un artiste à l’autre, quelques traits communs émergent qui les rattachent à une histoire de l’Art où l’œuvre en tant qu’objet a encore de l’importance : un art de la représentation engendré par un auteur qui revendique pleinement sa subjectivité ; un refus de documenter le monde et au contraire une volonté de le transformer, de le transfigurer ; une approche picturale qui met le spectateur en face de tableaux composés et non de simples captations de l’environnement extérieur ; le recours aux nouvelles technologies, notamment numériques.

L’exposition se propose de montrer au public à quel point la photographie peut être variée et surprenante lorsqu’elle assume une intention artistique qui la fasse sortir des sentiers battus sans pour autant tomber dans un discours critique ou conceptuel où les mots auraient plus d’importance que l’image. Elle a pour ambition de présenter aux spectateurs, notamment aux plus jeunes parmi eux, des œuvres qui ne ressemblent pas aux photos qu’on voit par millions sur les réseaux sociaux, mais au contraire des œuvres
issues du métissages, de l’hybridation avec d’autres techniques, anciennes ou contemporaines, manuelles et immatérielles, des œuvres curieuses, à la fois exotiques et familières, empreintes du monde extérieur et exprimant une vision intérieure.

Georges DUMAS

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